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Eric Denécé, Olivier Marleix et Bun Hay Mean : trois personnalités publiques critiques du gouvernement retrouvées mortes en l'espace d'un mois, dans des circonstances troublantes à chaque fois. Si la piste du "suicide" est avancée systématiquement, nombreux sont ceux à en douter.
C'est Eric Denécé qui est parti en premier, le 9 juin 2025, à l'âge de 62 ans. Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), il avait été particulièrement critique sur le sujet du conflit entre l'Ukraine et la Russie, ce qui lui avait automatiquement valu les étiquettes d'extrême-droite, de pro-russe et de complotiste. Il a été retrouvé inerte dans sa voiture, avec un fusil de chasse, deux jours après sa mort. Aucune lettre de suicide. C'est pourtant la piste jugée la plus "probable" par les enquêteurs français, malgré le fait que la famille ait assuré ne pas croire à cette thèse. L'enquête est toujours en cours.
Décédé lundi 7 juillet, Olivier Marleix a été retrouvé pendu dans sa maison à Anet. Là encore, pas de lettre de suicide. Pourtant, deux jours plus tard, l'autopsie confirme la thèse sans en connaître les motivations. Deux jours après encore, l'homme est enterré ; on peut dire que l'enquête a été expédiée. Lui était un fervent Républicain, chef du parti à l'Assemblée entre 2022 et 2024, et maire d'Anet entre 2008 et 2017. Surtout, il avait saisi la justice en 2019 pour enquêter sur les circonstances de la vente du pôle énergie d'Alstom à General Electric (GE) en 2014, mettant ainsi en cause le rôle d'Emmanuel Macron. Il évoquait sans sourciller un possible « pacte de corruption » au bénéfice du ministre à l'époque. Pour son travail en commission d'enquête, il avait reçu en 2020 le « prix éthique » de l'association Anticor. En 2024, il s'intéressait à l'affaire Doliprane, dont le schéma rappelait celui d'Alstom. Thierry Billard, son éditeur chez Robert-Laffont, assure que l'auteur de "Les Liquidateurs" (2021) "avait des choses à dire". D'ailleurs, il venait d'envoyer les corrections d'un ouvrage à paraître en novembre 2025 : "Dissolution française"... Peut-être avait-il trop de choses à dire, ou peut-être était-il irrémédiablement déçu de la politique française.
Toujours est-il que les causes de leur décès restent assez floues, d'autant qu'ils avaient tous les deux l'air d'avoir la tête sur les épaules, des projets en cours, et une famille à chérir.
Le dernier en date a été l'humoriste Bun Hay Mean, alias "Chinois marrant", retrouvé mort le 10 juillet 2025 après une chute du 8ᵉ étage d'un immeuble parisien. Dans un autre style, lui non plus n'avait pas sa langue dans la poche :
⚫ L'humoriste Bun Hay Mean est décédé aujourd'hui après une chute de 8 étages.
Une vision acerbe sur la démocratie française qui dénonçait les politiques comme ici sur le référendum de 2005. pic.twitter.com/qEqurHNnDp— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) July 10, 2025
Sur les réseaux sociaux, X notamment, cet enchaînement de "suicides" d'adversaires du pouvoir fait réagir les internautes. Nombreux sont ceux qui, ironiques, écrivent n'être pas suicidaires pour éviter que ce soit la piste retenue par défaut en cas d'incident... En attendant de voir ce que l'avenir nous réserve, hommage à ces trois hommes, qui ont osé parler quand il le fallait.